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chronique-sportives

Esprit critique et liberté d'expression sont de mise.

Faut-il remettre en cause certains records du monde féminin d’athlétisme ?

Publié le 25 Septembre 2014 par Etienne Goursaud in dopage, Sport, polémique

La question se pose rarement, du moins pas dans le giron de la télévision et des grands journaux sportifs mais la réalité est là : Actuellement du 100m au 3000m en passant par bon nombre de disciplines de lancers, certains records du monde, chez les filles, datent de plus de 20 ans, voire 30 ans, ceux-ci n’ayant jamais été approchés. On pense notamment au 100 et 200m, qui sont la propriété de Florence Griffith-Joyner (Flo-Jo), qui, malgré tous les progrès dans le domaine du sprint, n’ont jamais été approchés même actuellement (pendant ce temps-là, le record du monde chez les hommes a progressé de 34 centièmes sur 100m !). Dans un contexte ou le dopage était roi, faut-il purement et simplement annuler tous ces records ?

 

Des records inatteignables 

Pour faire simple, actuellement, dans certaines disciplines, les meilleures performances mondiales de l’année sont à des années lumières des records mondiaux. Par exemple au lancer de disque, la marque de référence est établie à 76m80 soit environ 5m de plus que la performance de Perkovic, qui est pourtant la première fille à lancer le disque à plus de 70m depuis 16ans ! Sachant qu’actuellement elle est largement au-dessus du lot dans sa discipline.

Pire encore le 1500m et le 10000m féminin, propriété de deux chinoises (Qu Yunxia, Wang Junxia). Pour la première distance les meilleures sont à plus de 6 secondes actuellement (soit 30m environ). Pour ce qui est du 10 000, malgré le retour en force du continent africain, personne n’a été capable, pas même Tirunesh Dibaba, de s’en approcher.

Les exemples sont encore nombreux, les détailler serait trop long et peu utile. Pour les plus curieux cela se passe ici

-Tableau des records du monde

-Tableau de meilleures performances mondiales de l’année

 

Des méthodes douteuses

La guerre froide n’a pas eu une incidence uniquement sur le plan géopolitique, les conséquences sur le monde sportif se sont fait ressentir, un terrain ou les rivalités est/ouest n’ont eu de cesse de s’exacerber. Cela a enrichi une « course à l’armement » pour accentuer la performance. Ainsi, notamment en RDA, des plans de dopage massif des athlètes ont été mis en place, les résultats ont été immédiats, les polémiques également. L’affaire la plus marquante de ce processus concerne les poursuites qu’a entamées Andreas Krieger à l’encontre des dirigeants de la fédération RDA de l’époque. Née sous le nom d’Heidi, spécialiste du lancer de poids, il fut contraint de changer de sexe, son corps s’étant transformé suites aux doses massives de testostérones injectées, dans le but d’améliorer ses performances.

Les américains ne sont pas en reste. Bien qu’il ne fût officiellement rien prouvé, la manière dont Flo-Jo a explosé les records du monde du 100m et du 200m, et le fait qu’ils soient encore hors de portée des athlètes d’aujourd’hui, les rendent très suspicieux. Une suspicion renforcée par son retrait surprise en 1989, année où les contrôles anti-dopage inopinés ont été instaurés, et le fait qu’elle décéda d’une attaque cardiaque à l’âge de 38ans, laissera à jamais, planer le mystère sur ces chronos surréalistes.

En chine, les deux athlètes étaient prises en main par un entraineur/gourou aux méthodes incroyables. Avec lui il ne valait mieux pas être médiocre lors des entrainements ou des compétitions, sous peine d’être battu humilié et enfermé par celui-ci. Aux méthodes « moyenâgeuses » s’ajoute, là aussi, des immenses doutes sur la propreté de ces athlètes aux carrières aussi « brillantes » qu’éphémère.

Ceci explique sans doute pourquoi, dans un contexte de renforcement des contrôles (attention, nous ne nous versons pas dans le monde merveilleux, il est probable que certains athlètes échappent à la patrouille). Certaines peuvent se sentir bafoués, ne luttant pas à armes égales.

Il en découle une ambigüité avec des records du monde établis et des records du monde officieux. On pense notamment au 400m, dont le record est la propriété de Marita Koch en 47s60. Beaucoup de spécialistes affirment que la vraie recordwoman du monde est la française Marie-José Perec en 48s25, allant jusqu’à dire que le record de l’Allemande de l’Est est tout simplement bionique.

 

 

Annuler certains records pourrait être vécu comme une injustice pour celles dont la culpabilité n’a jamais été prouvée

Pas de preuve, pas de culpabilité. En justice on ne met pas quelqu’un en prison en se basant uniquement sur des soupçons et encore heureux, sinon il y aurait encore plus d’erreurs judiciaires. C’est dans ce même contexte que nous ne pouvons annuler ces records du monde, du fait que la culpabilité de ces athlètes n’a jamais été directement prouvée.

D’autant plus que ces athlètes pourraient invoquer (avec raison) le fait que, finalement, aucune athlète et aucun athlète ne peut réellement se déclarer propre. Certains contrôles positifs (ou aveux) se faisant bien après l’établissement des records (on pense notamment à Carl Lewis).

Autre problème, au-delà de ces records du monde, il y aurait aussi les titres à enlever. Dans ce cas-là que faire ? Les donner aux deuxièmes ? Ne pas les attribuer ? Quel que soit la décision prise, il y aura forcément un sentiment d’injustice fort qui en découlera.  Cela est frustrant car, avec les affaires qui ont éclatés, il est quasi-certain que bon nombre de ces marques devraient être annulées pour « repartir de zéro ». Cela redonnerait une certaine crédibilité à ces nouvelles performances réalisées ainsi qu’une image bien plus positive. Ainsi on pourrait re-parler de records sans agiter constamment le drapeau de la suspicion.

On constate toute la complexité dans cette affaire, ceci explique, du moins en partie, la réticence de l’IAAF, de toucher à toutes les marques

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